Expo Fred Vervish 2014
Exposition Fred Vervisch au Bailliage d'Aire-sur-la-Lys en 2014
L'exposition de Fred Vervisch a été décliné principalement à partir de ses deux albums les plus récents: Hell West "Frontier force" et Soleil du soir "La gorge du tigre". Des impressions numériques de haute qualité ont été réalisées par Christophe Maes à Atelier photo graphic / Atelier Galerie Edition
Hell West "Frontier force" de Lamy et Vervisch
Photographies: Christophe Maes
Soleil du soir "La gorge du tigre" de Christophe Cazenove - Solange Cruveillé - Frédéric Vervisch
Pour en savoir plus sur cette exposition: Aides à la visite 2014
et à suivre une présentation de Fred Vervisch et le dossier de presse de l'exposition
Pour une (re)présentation de Fred Vervisch
22 mai 2014 au Bailliage d’Aire-sur-la-Lys
J’ai rencontré Fred Vervisch pour la première fois il y a une vingtaine d’années à Montreuil-sous-Bois au studio Walt Disney à l’occasion d’un recrutement de jeunes dessinateurs. J’ai reçu 200 dessinateurs en entretien pour en sélectionner 30 qui restèrent 12 après un test de dessin, les 12 devaient être embauchés, mais quatre dont Fred Vervisch survécurent dans un premier temps au fax qui nous avait ordonné l’arrêt de toute embauche eu égard aux mouvements boursiers en légère baisse sur l’action Walt Disney. Dans notre studio le doigt de Dieu avait la voix crépitante de l’imprimante du fax qui nous transmettait les ordonnances du département financier des studios Walt Disney à Burbanks Los Angeles. J’ai quitté Walt et son fax et quelques années passèrent, pas mal au final, 20 ans avant que nos chemins ne se recroisent. Fred a travaillé 4 mois sur les intervalles, les dessins entre les dessins, des douzièmes de seconde. Il dessina d’abord les tâches du pelage du Marsupilami. À l’époque Disney avait racheté les droits télévision du personnage. L’équipe américaine avait, dans un premier temps, refait des modèles adaptés au dessin animé du Marsu à la sauce Mickey, les oreilles en moins la queue en plus, après cette impossible mutation, sous l’ombre protectrice de Franquin son génial créateur, l’équipe française remit les choses en ordre et redessina un Marsupilami à la belge un vrai Marsu bien de chez nous. Quand Fred Vervisch vit passer Franquin au studio, il du se remémorer ce que cet humble géant lui avait apporté quand il était enfant, se souvint-il aussi à cet instant qu’en 6e alors qu’il s’ennuyait en permanence il observa longuement cet élève qui réalisait une petite BD perso, celui-là avait des rêves qui remplissaient l’espace, il montrait la voie.
Fred dû partir du studio Disney, revint, repartit peut-être à cause du bruit du fax ou de la sensation sourde que son destin allait se jouer ailleurs, autrement, pourtant il serait bien devenu layoutman, ses tests étaient bons, mais son dossier d’école trop mince, fallait-il plus d’école, allez savoir ce qu’il aurait fallu de plus ou de moins, peut-être moins l’esprit à voir ailleurs, à être soi. Que serait devenu Fred Vervisch dans la répétition d’un style qui n’était pas le sien. Alors il a poursuivi ailleurs son chemin dans le dessin animé, je ne vais pas décliner ici toutes les productions, tous les métiers, tous les styles, les réalistes, simplifiés, cartoons, mangas que Fred Vervisch a pu aborder dans sa carrière professionnelle en particulier au studio Dupuis Audiovisuel, ce qui est certain c’est que la diversité lui a permis de développer sa technique et de préserver son propre style. Le temps passant Fred Vervisch s’est spécialisé dans le story-board, son sens de la mise en scène et de la narration visuelle l’a conduit naturellement à ce métier, mais au fond il ne pouvait pas être réduit à ne pas s’exprimer sur ce qu’il avait de plus intime, de plus juste, de plus résistant, de plus frondeur… quelques pas de plus et il rejoignait ce rêve d’enfant, la bande dessinée, alimentée sans qu’il ne le sache encore par son goût pour les films de kung-fu et peut-être aussi par cet opéra de Pékin qui l’avait fasciné quand il avait huit ans. Là encore pas de déclinaisons de toutes les BD sur lesquelles Fred Vervisch a travaillé, juste à dire que pour arriver là où il est où nous sommes avec lui ce soir entourés d’extraits de ses deux dernières œuvres des premiers tomes d’ Hell West et de Soleil du soir et de quelques bonus, il lui aura fallu passer par toutes ces techniques, par tous ce labeur au service d’univers graphiques qui n’étaient pas les siens pour revenir enfin au cœur de lui-même et réaliser plus avant sa propre œuvre à partir de codes de plus en plus personnels. C’est une démarche incessante, imparfaite et sincère où revivent indomptable et conquis tout à la fois les ombres de ceux qui ont éclairé son imaginaire ou l’on inconsciemment guidé de l’enfant à l’homme que vous voyez ce soir.
Mais si le noir et blanc des chevaux de Fred Vervisch passe dans les traces des sabots de celui de Jerry Spring du dessinateur belge Jijé, si ses clairs-obscurs se lient d’amitié avec ceux de Franck Miller et de son Batman, si ses ambiances suggèrent le souvenir du Tarzan ténébreux de Hal Foster ou du sombre Dick Tracy de Chester Gould, si ses montages et ses lacs se découpent dans le souffle des encres des peintres japonais du 15e et 16e siècle comme Sesshü Tôyô et Sesson Shûke dans ce bateau et cette cote battus par la tempête, si ses paysages se rattachent aux tranchantes découpes stylisées de l’œuvre au 13e siècle de l’artiste chinois Ma Yuan dans « Le chant des premières pousses printanières foulées au pied », si ce cowboy tracé en quelques coups de pinceau numériques bien posés salue de son Stetson la peinture des six patriarches coupant le bambou par l’artiste chinois Liang kai. Si on peut retrouver dans son trait à l’essentiel l’esprit de la griffure d’Hugo Prat qui n’aurait pas craché sur les tombes de ceux dont je viens de parler étant lui-même tombé sans perdre de sa grandeur. Si tous ceux là et d’autres qu’on pourrait évoquer s’il n’y avait pas le risque de boire une bière trop chaude, si tous ceux-là pouvaient parler ou faire un geste le dernier qu’on leur accorderait au fond de leurs couches silencieuses, ils lèveraient leurs bras emplumés et s’assemblant ainsi dans ce geste commun le prendraient sous leurs ailes réunies de leur compagnonnage. Il est des leurs étant devenu lui-même à rechercher l’essentiel du dessin au plus juste de ce qu’il a à dire, la perfection… il n’y arrivera jamais soyez en sûr, mais s’en rapprochera toujours plus pour notre plus grand plaisir.
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